Nouvelles du bord: jour 52!
Je sais bien que le front froid est passé! Il fait un temps glacial ici à 52° sud dans une masse d'air froid, et sans moteur thermique ni chauffage c'est un peu dur. Si j'avais un moteur comme les autres bateaux pour charger mes batteries, je crois que je serai capable de lui faire un câlin, lui donner des petits noms, lui faire des bisous !
Les moyens pour me réchauffer sont un petit peu moins excitants. Beaucoup de très bons vêtements thermiques grâce à GILL, des patchs thermiques que je peux coller à mes habits et beaucoup de thé et de soupe! Lorsque je sors vite fait pour vérifier le réglage des voiles, mes mains s'engourdissent tellement j'ai à peine la force d'ouvrir un packet de soupe . Quel drame! En parlant de drame, j'ai vécu des heures un peu compliquées avec cette énorme dépression derrière moi. J'étais très stressé car le pilote automatique avait recommencé à faire des siennes et l'idée d'un départ au tas dans plus de 40 noeuds ne m'enchantait pas! J'ai donc mis en place un système D pour les instruments avec une perche à l'arrière du bateau au lieu de continuer à essayer de réparer ceux en tête de mât. J'ai aussi débranché tous les capteurs qui n'étaient pas 100% nécessaires pour limiter le risque d'une mauvaise information au pilote. Pour l'instant ça marche. Me positionner à l'avant de cette dépression était osé mais ça a marché mieux que prévu. Il fallait absolument que je sois suffisamment rapide dans les conditions musclées pour éviter de me faire rattraper par le centre de la dépression avec des vents terrifiants et les vagues qui vont avec! En filant vers l'Est, je voulais profiter de la mer relativement plate et du vent fort qui allait me permettre de progresser rapidement pendant que la dépression disparaissait vers le sud. Mais quand le baromètre est descendu à 980mb (pour une météo "normale" on est à 1013!) et que j'ai vu les nuages noirs à l'horizon, je ne faisais pas mon malin! Heureusement j'ai réussi à maintenir un bon rythme et à ne rien casser et le baromètre remonte à nouveau donc il semble que ça ait marché. Mon esprit "prêt à tout" a été bien mis à l'épreuve juste avant l'arrivée du front aussi. Alors que je préparais mon solent (une autre voile d'avant), j'ai remarqué que celui ci avait une petite déchirure. C'était exactement la voile qu'il me fallait pour aller assez vite dans ces conditions donc je me suis rapidement équipé pour monter au mât avec des patchs d'adhésif pour la réparer. Avec le bateau toujours rapide, j'ai réussi à les coller de chaque côté de la voile et pour l'instant la réparation tient bon et je suis toujours bien devant la dépression donc tout va bien!