Les montagnes russes et le mot de Stan!
Si ça vaut la peine de faire quelque chose une fois, ça vaut le coup de le faire une seconde, une troisième...etc C'est la leçon du jour alors que le vent de Nord Est qui nous accompagnait jusque là s'est mis à tourner dans tous les sens et que j'enchaine les changements de voile entre deux bourrasques. Ce matin, je suis passé du grand foc au près, puis vent de travers, puis au près avant de mettre en place le grand gennaker et d'empanner, enfin presque, parce qu'entre temps le vent avait encore tourné... et ça n'a pas arrêté de la matinée!
Mon moment le plus frustrant étant, au moment d'empanner, alors que le vent était presque Sud et que j'avais changé toutes les voiles de côté à l'intérieur pour la manœuvre et que je me suis aperçu qu'il avait tourné de 60° le temps que je prépare tout. J'ai donc tout redéménagé et cette fois sans l'aide de la gravité! Pour que vous puissiez avoir une idée de ce que ça donne: imaginez que vous luttez avec un alligator dans un trou noir et glissant le tout sur des montagnes russes, voilà à quoi ressemblait ma matinée. Ah, les joies de la voile quand vous devez vous transformer en Indiana Jones avant la première tasse de café ;-) Mise à part la lutte avec les reptiles, c'est une belle après-midi qui nous attend maintenant que la pluie est passée. L'océan est à nouveau bleu après des journées de gris et blanc et le changement est appréciable, surtout pour Stan dont les joues ont retrouvé une couleur normale aussi!
Texte de Stan:
Depuis 2 jours une petite naupathie limite mes déplacements à des changements de position dans ma bannette.J'ai donc eu pas mal de temps pour remettre les choses en perspective. Je vous avais parlé de sous-marin ? Oubliez tout ce que j'ai dit. Là, avec l'arrivée de la petite dépression, on est passé en mode hyper-espace ! Le bateau lancé entre 17 et 22nds au travers non-stop dans des vagues de 3-4 mètres..et voilà que j'entends même Chewbacca.à moins que ce ne soit le chant de la dérive qui vibre à pleine vitesse. Le sifflement continu des paquets d'eau qui arrachent le pont, les chocs incessants des vagues qui claquent le carbone, les moments d'apesanteur dans chaque descente de vague..je vous le dis, on est vraiment dans l'espace. Il n'y a que l'eau qui ne vole pas.enfin même ça ça arrive souvent en fait ! Je pense que même avec les mots les mieux choisis, je ne pourrais jamais faire ressentir réellement cette sensation d'emprisonnante liberté. En parlant de ça avec Conrad, on se disait que même les astronautes étaient moins seuls au monde que les marins.en un clic ou presque ils peuvent redescendre sur terre.là en mer ce n'est pas pareil. La Région Vendée pourrait sûrement créer un simulateur, on appellerait ça le « Vendée Fou » ! Un mix entre Menhir Express et Space Mountain, sauf que l'attraction durerait 80 jours sur un voilier.. Je doute que les participants soient nombreux au final..au alors c'est qu'ils ont un peu de sang breton (ou écossais) ! Stan